Etre vendeuse à Hollister&co

On connait tous la marque de renommée internationale Hollister&co venue tout droit de Californie, du moins après un détour en Asie pour ce qui est des vêtements.

Elle a posé ses bagages en France il y a maintenant 8 ans, et son succès fut immense pendant plusieurs années.

Vêtements sportwear et « chill« ; magasin au style boîte de nuit et jeunes vendeurs/sufeurs top models au sourire bright et à la peau mate etc… La façade a vraiment tout pour plaire, et pour attirer les clients dans un univers utopique qui sait mélanger rêve californien et job plutôt cool.

Je suis devenue vendeuse pour la première fois chez Hollister&co en 2012, et je viens ici vous parler de cette expérience pour le moins atypique. Si vous aviez dans l’idée de postuler, alors cet article est pour vous !

Tout d’abord : Petit lexique du vocabulaire Hollister:

Parlez-vous le Hollisterien?

(Si vous n’aimez pas le franglais ou l’anglais françisé ou inversement, passé cette section)

–Shift : période de travail d’un employé, qui dure généralement 5 heures.

–Tagline : Petite phrase en anglais que vous devez lancer à chaque client qui passe devant vous afin que ces derniers se sentent vraiment dans l’ambiance californienne d’Hollister (vous tenterez de faire la sourde oreille pour les remarques du type « queskelledit? » ou encore « genre elle parle anglais celle là! », et j’en passe…). Types de tagline : « Hey what’s up, welcome to the pier! » dite à l’entrée du magasin. Ou : « Follow us on Twitter » dite à la caisse une fois que le client a réglé ses achats. Et pour finir : « Bye, thanks for coming here » dite à la sortie du magasin. La tagline est obligatoire pour les modèles, facultative pour les impacts (voir plus bas la liste des postes à Hollister).

–Pointer/dépointer : autrement dit enregistrer sur ordinateur votre début et fin de shift (c’est obligatoire pour qu’il n’y ait pas d’erreurs dans votre fiche de paie).

–Chipmunt : non il ne s’agit pas d’Alvin et les Chipmunks… Faire le chipmunt est récupérer les vêtements qui viennent d’être livrés dans des « box » et y fixer des antivols dans des endroits précis pré-indiqués, ces vêtements devront ensuite être pliés puis rangés dans les étagères du stock. En d’autres termes: préparer et ravitailler le magasin de vêtements fraichement arrivés!

–Backstock : Les vêtements qui viennent du magasin et qui doivent être rangés dans les étagères du stock.

–Préper : Préparer des vêtements du stock à être pliés correctement pour être rangés en magasin.

–Runner : amener en magasin les vêtements qui viennent d’être « préper », et les ranger dans la bonne pièce/étagère.

–Pooler : Muni d’un « gun », vous bippez les vêtements qui viennent d’être acheté en caisse pour les mettre à la prep (afin de rajouter en magasin les vêtements qui viennent d’être vendus).

–Maintenance : comme son nom l’indique, la maintenance vous fait maintenir les pièces du magasin en bon état (vêtements rangés proprement à leur endroit attitré etc).

-Et il y a la caisse, tout simplement.

–Le nom des pièces du magasin, les « rooms »:

Betties 1, 2 and 3 (en fonction des magasins Hollister, Betty : nom hollisterien pour filles)

Dudes 1 and 2 (Dude : nom hollisterien pour mec).

About me:

Juin 2012 : Je viens de passer mon bac et il me faut un boulot pour cet été, et vite !

*Éternel problème du débutant* : je n’ai pas encore d’expérience dans le travail, et tous les magasins demandent un minimum d’expérience dans la vente pour embaucher. Revient alors l’éternelle question du débutant: comment suis-je censé me faire de l’expérience si je ne suis prise nul part dès le début ?!

Seule solution qui me vient à l’esprit : Hollister.

Oui car les responsables là-bas, ou les « managers », n’embauchent pas leurs candidats sur papiers, mais sur le physique. Je pense que ce n’est une surprise pour personne… L’expérience, la qualité de la personne, sa motivation, sa bienveillance, ils s’en foutent ! Ce qu’ils veulent c’est du Beckam et de la Giselle Bundchen.

Vu comme ça je me sentais déjà mal partie, voire honteuse d’aller voir un manager en magasin pour qu’il me prescrive une date d’entretien. Je me suis cependant lancée, et mon entretien fut rapidement booké. J’ai 18 ans, je suis blonde avec les yeux bleus mais je n’ai rien, absolument rien d’une top model !

Arrivé à l’entretien :

« Les entretiens chez Hollister sont à 16 heure les mardis et vendredis, et tu verras que tu ne seras pas la seule à t’y rendre » me dit ma sœur qui y travaille déjà depuis un an et demi. Et elle n’avais pas tort… A mesure que j’attends appuyé contre la rambarde du centre commerciale en ce mardi après-midi, je vois une petite foule de minets et de minettes tous pomponnés, se rassembler à mes côtés devant le magasin. Un parfum floral trop sucré et une musique assourdissante émanent du chalet californien qui se dresse devant nous, et nous attendons en vérifiant alternativement l’heure puis l’entrée du magasin toutes les 10 secondes.

Après 10 minutes de retards, un manager daigne enfin se présenter et nous emmène dans un espèce de placard à balai où l’entretien aura lieu. Je peux vous dire qu’à 16 dans un placard à balai, on est serré. Regards ahuris et scruteur de chacun, pas mal pour un placard à balai!

Le manager se présente, présente la marque rapidement et nous explique le déroulement de l’entretien.

Tiens il a l’air blasé. Apparemment on va nous poser des questions, je pensais que tout se jouait sur le physique? Il faudra aussi être capable de se présenter sous son meilleur jour, petit clin d’œil du manager qui signifie : « vous pouvez en rajouter un peu pour paraître ‘chill’ mais pas trop, évidemment ».

Questions types qui nous sont posées :

-comment décririez-vous la marque?

-Quelles sont vos trois principales qualités?

-Comment restez-vous en contact avec vos amis ?

-Qu’est-ce que la diversité ? (Lol)

etc…

Vous avez 5 minutes pour répondre à ces questions face à 15 personnes qui répètent toutes les mêmes choses (autant vous dire qu’au bout d’un moment, c’est répétitif!).

A la suite de quoi on inscrit nos coordonnées et notre demande de poste, à califourchon ou contre le dos du voisin, et avec des bics qui fonctionnent mal.

Voici la liste des postes chez Hollister et leurs descriptif :

–Modèle : vous lambinez dans le magasin en affichant votre plus beau sourire aux clients et en leur proposant de l’aide sur un article. Votre rôle sera aussi, et principalement, de dire la « tagline » et de faire de la maintenance sur la pièce où vous serez situé pendant votre shift. En bref quand vous êtes modèle, vous représentez la marque et vous devez vendre du rêve aux clients.

–Impact : quand vous êtes impact, vous êtes vendeur tout simplement. Vous travaillez à la fois dans le stock et en magasin, et votre rôle sera soit de maintenir un aspect idéal du magasin, soit de faire la fourmi ouvrière dans les stocks (voir liste du lexique plus haut qui rassemble tous les boulots de l’impact en stock).

–Overnight : L’overnight est l’impact de « nuit ». Il fait les mêmes boulots que l’impact (de jour) mais il travaille de 5 heure à 10 heure du matin, heure d’ouverture du magasin. L’overnight est le travailleur de l’ombre, celui qui prépare le magasin avant ouverture. Je crois qu’il gagne un peu plus que les impacts de jour grâce à ses horaires.

–Manager : le manager est le petit patron d’un équipe parmi celles énumérées au dessus, il distribue les petits boulots de chacun et s’assure du bon fonctionnement de l’équipe. Pour être manager, il faut être disponible en 35 heures et présenter un statut professionnel particulier.

Il y aura aussi des responsables, qui se situent encore au dessus des managers, mais ils sont bien souvent américains et vous aurez très peu affaire à eux !

Plus tard dans l’entretien vient enfin le moment de la photo (ah! Je le savais). Les managers vous disposent un par un contre un petit mur de shooting improvisé dans le placard à balai, et vous prennent plusieurs fois en photo avec un numérique de poche, grande classe!

Sourire, cheveux de chaque côté du visage, pas trop de maquillage sinon ça ne fait pas naturel, petite pose nonchalante (minute : sommes-nous encore à un entretien d’embauche ou chez Chanel?) Top ! Flash et c’est fini, merci on vous rappellera et au revoir!

On en ressort un peu sonné mais « still alife » malgré les complexes qu’on a du accumuler en voyant ces bombasses se faire prendre en photo juste avant nous. « Ils ne me prendront jamais » est la première pensée qui vient à l’esprit, et c’est normal au début! Vos photos partent au siège de la boîte en Californie, et c’est eux qui autoriseront (ou pas) les managers à vous embaucher.

Quelques semaines plus tard vient l’appel miracle de Sergei ou de Stéphanie qui vous annoncent que vous avez été sélectionné en tant qu’impact/modèle/overnight, et l’aventure Hollister peut commencer!

Après avoir effectué les démarches administratives propres à la marque (à savoir film sur la marque, leçons sur : comment repérer des voleurs et agir docilement avec eux etc), je commence à travailler et là, mauvaise surprise : alors inconnue du bataillon, on me jette dans le stock, et débrouilles-toi ma poule!

Dans le stock éclairé d’une vive couleur blanche, et rempli de gigantesques étagères grises pleines de saps, je déchante vite. Personne ne m’adresse un regard, trop occupé dans son travail ou trop prit dans sa conversation sur la super soirée Hollister de la veille (à laquelle vous ne serez jamais invité car réservée aux « anciens »). Je suis perdue : « que dois-je faire ? Je suis là pour travailler tout de même, et si je ne fais rien, je vais être virée très vite ! » Un flot de pensées anxieuses me tambourinent l’esprit alors que j’arpente le stock à la recherche d’une aide, mais personne ne me calcule.

J’interrompe alors la conversation de deux mini poupées Barbies en train de plier des vêtements sur une petite table de pliage improvisée, et l’une d’entre elles me dit d’aller voir un manager pour qu’il me donne du travail.

Une fois que j’eus trouvé le dit-manager : « Ah oui bah là euh… T’as qu’à préper avec Charlène! » puis il s’en va.

Qui est Charlène ?

Qu’est-ce que c’est « préper »?

Je demande timidement à un autre impact qui m’explique gentillement, puis je m’y mets, sans Charlène, tant pis!

Cela a duré plusieurs jours avant que je comprenne enfin comment fonctionnait le magasin.

Pas d’explications ni de présentation : c’est comme cela que sont accueillis les nouveaux chez Hollister, au moins cela nous apprend à devenir rapidement autonome…

Les règles générales :

-Pour les filles : interdiction formelle de mettre du maquillage trop voyant, du vernis, des bijoux (bracelets déchirés de festivals ou bracelets brésiliens compris). Les cheveux peuvent être attachés en tresse(s) ou queue de cheval en stock, mais en magasin on vous demandera de les détacher. Mesdemoiselles, vous devez avoir l’air de revenir de la plage où vous avez surfé comme une déesse grecque!

Pour les vêtements : vous devez porter du Hollister OU des vêtements qui ressemblent à du Hollister, mais la marque ne doit pas être trop apparente (dans le pire des cas, on vous met au fond du stock là où personne ne vous verra).

-Pour les mecs : messieurs, vous devrez être rasé de près. Poils interdits! Cheveux peignés et petite allure de minet exigé!

Règle d’or numéro 1 qui s’applique à tous : Sourieeeeeeeeeez !!!!!!!!

La politique du vol :

Le vol, comme partout, est interdit. Mais chez Hollister, le vol est plus que quotidien:

–Vol interne : vol venant du personnel

–Vol externe : vol de la clientèle

Le taux de vol le plus élevé vient du vol interne, et de nombreuses méthodes ont été mises en places pour le limiter, comme la fameuse et terrible méthode du collabo (tu dénonces un pote et tu gagnes plus), mais autant dire que ça ne marche pas toujours…

Du coup ils ont mis en place un « chiffre progrès » de vols par semaine, au dessus du chiffre d’affaire espéré pour la semaine -> passer de 2000 euros de vol à 1700 euros en un mois, grand chelem!

La hiérarchie du monde chez Hollister :

Je me suis rendu compte au fil des jours qu’une certaine hiérarchie avait été mise en place au sein du personnel « employé », autrement dit les modèles/impacts/overnights réunis.

Souvent les modèles sont plus adulés que les impacts, puisque l’origine de leur labeur tient de leur beauté (les modèles sont choisis de manière plus pointilleuse que les impacts puisque c’est eux qui représentent la marque en premier). A quoi distingue-t-on un modèle d’un impact ? Regarder les pieds ! L’un porte des tongs et l’autre des converses/vans ou tennis…

Les overnights sont souvent considérés comme les racailles qui écoutent leur musique et volent le plus dans le magasin (ce qui n’est pas toujours vrai, bien sûr). Impacts de jour et impacts de nuit ne se parlent/connaissent quasiment pas, on se croirait presque dans un anime japonais sur les vampires…

L’ambiance générale :

-Dans le stock : elle est plus conviviale que dans le magasin où la musique assourdissante vous empêche de parler avec votre collègue (et puis de toute façon: vous n’avez pas le droit de parler entre vous). Les impacts peuvent se parler entre eux dans le stock et organiser de petites soirées… Dont ils parlent en permanence !

« Malheureux si vous n’êtes pas de la bande, écartez vous de notre chemin », semblent-ils dire dès qu’ils vous voient vous approcher pour tenter de s’immiscer dans la conversation. C’est franchement pas drôle, du coup, quand on est nouveau ou qu’on est là uniquement pendant la période estivale, on ne parle qu’avec les autres nouveaux recrus (et on les aide éventuellement lors e leur premiers jours de travail, vous savez maintenant pourquoi…). Sinon, on trouve bien souvent le moyen de se marrer avec les managers qui oscillent entre potes rigolos et supérieurs hiérarchiques en vous donnant des consignes sur votre travail tout en débattant sur le dernier clip « hot » de Rihanna. Je précise qu’ils n’ont normalement pas le droit de créer des affinités avec les vendeurs… But who cares?

-Dans le magasin : Im-pos-si-ble de parler ou d’échanger avec vos collègues, les seules personnes avec lesquelles vous avez le droit, voire l’obligation, de converser sont les clients. Mes chères amis modèles, boules Quies et patience sont indispensables à votre survie…

Mais bon, d’une manière générale, ça reste plus sympa que de travailler dans un abattoir!

Les détails qui tuent:

– L’exigence sur la manière de plier et de ranger les vêtements. Chaque pièce dispose de nombreuses étagères et les vêtements doivent y changer de places et de plis presque toutes les semaines (des affiches qui changent toutes les semaines vous guideront sur la manière de plier et de présenter les articles, non ce n’est pas une blague…). On a l’impression désagréable de se répéter en permanence dans son travail…

– Les ragots et jalousie entre les vendeur/euses. Il ne faut pas oublier qu’on se trouve dans un lieu où les jeunes sont embauchés sur leur physique, et en conséquence, certains sont très très jaloux et le montrent… De même, l’intelligence ne prônent pas toujours, mais on peut s’en sortir!

– Les décibels et la « playlist » : il ne faut pas abuser tout de même, trente-six mille fois les mêmes musiques à 88 décibels, c’est peu supportable…

Les trucs sympas :

– Ça ne paie pas de mines, mais c’est une première expérience en béton! En effet, Hollister est un atout majeure sur votre CV dans la vente, car ils ont une bonne réputation auprès des autres magasins plus exigeants dans le choix de leurs employés.De plus, ils n’exigent pas d’expérience ou même de CV quand vous débutez, il est donc plus facile d’y entrer et de s’y forger une expérience lorsqu’on est étudiant sans le sou et qu’on est amené à fréquenter ce genre de job pendant toutes nos études…

– L’ambiance californienne du magasin (au delà des décibels et de la musique pourrie) qui plait beaucoup au clients généralement, c’est un plaisir de partager cela avec eux et avec ces petites qui ont le regard brillants lorsqu’elles entrent dans le magasin.De plus, il y a toujours du monde, donc on ne s’ennuie jamais.

– Le côté « sombre » du magasin qui vous permettra en douce de parler à un pote venu vous rendre visite sans qu’un responsable vous voit aux caméras, mais c’est sans compter sur les remarques désobligeantes des clients qui n’y voient rien et qui s’en prennent à vous…

Le salaire et les contrats de travail :

Le salaire varie en fonction de votre contrat de travail, bien évidemment. En soi, ce n’est pas trop mal payé,allant environ de 200 euros par mois pour un contrat de 5 heures/semaine (oui ça existe) à 700/800 euros par mois pour un contrat de 15/20 heures/semaine (le maximum niveau heures de travail par semaine). Le salaire tombe assez rapidement, et vous êtes mieux payé pendant les jours fériés, les périodes de fêtes et soldes. Cependant, il arrive assez souvent qu’il y ait des erreurs dans votre fiche de paie, il est donc fortement conseillé de conservé vos tickets de pointage qu’imprimera la machine tous les jours où vous travaillez afin de faire la vérification auprès des responsables.

Je garde cependant un assez bon souvenir de cette expérience puisque je dois dire qu’elle est assez atypique dans le domaine de la vente, et malgré certains commentaires négatifs que j’ai pu faire, ne vous laissez pas démonter si vous avez envie de tenter l’expérience. Concernant les sélections sur le physique, ils prennent beaucoup plus de monde que vous ne le pensez et pas que des blondes aux yeux bleus ! Par exemple, ils prennent aussi des personnes d’origines asiatiques, à la peau noire et tipée (si, si je vous assure!) Alors foncez-y et donnez moi vite votre avis si vous êtes intéressé!

Allez, je vous quitte là-dessus:

Voilà je vous ai à peu près tout dit, n’hésitez pas à me laisser des commentaires sur cet article car c’est mon premier :), et si vous avez des questions je serez ravi d’y répondre !

Ps : pour les photos je suis désolé mais j’ai du les prendre sur le net car il est interdit et impossible d’en prendre dans le magasin, mais pour les autres articles j’aurai mes propres photos, merci pour la compréhension.

Bises, A bientôt !

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